CONFÉRENCE SALARIALE : LES SYNDICATS FONT MONTER LA PRESSION

Force ouvrière vient d’annoncer qu’elle quittait la conférence sur les perspectives salariales dans la fonction publique. Trois autres syndicats (CGT, FSU et Solidaires) laissent quant à eux planer le doute sur leur engagement futur. Ils regrettent toujours l’absence de revalorisation du point d’indice. Le cours de la conférence n’est pas menacé, répond le gouvernement, en se disant ouvert à la discussion.

Un premier claquement de porte. Le syndicat Force ouvrière vient d’annoncer mettre “un point d’arrêt” à sa participation à la conférence sur les perspectives salariales de la fonction publique, lancée depuis la rentrée par le gouvernement et censée s’étaler jusqu’en février 2022. Trois autres syndicats (CGT, FSU et Solidaires), pour leur part, laissent planer le doute quant à la poursuite de leur engagement dans ce cycle de discussions au-delà de la prochaine réunion, prévue ce vendredi 19 novembre. Avec cette “conférence”, l’exécutif entend “repenser” le système, qu’il décrit comme “à bout de souffle”, des carrières et des rémunérations des agents publics.

Mais pour Force ouvrière (FO), le gouvernement ne fait qu’“organise(r) des discussions stériles qui s’apparentent à la préparation du programme électoral du candidat Emmanuel Macron”. Dans un communiqué publié mardi 16 novembre, l’organisation syndicale annonce ainsi quitter la conférence en demandant l’ouverture “immédiate de véritables négociations salariales”.

Sans surprise, le syndicat cible notamment l’absence de revalorisation du point d’indice servant de base au calcul du salaire des agents publics. Un point d’indice gelé depuis le début du quinquennat, l’exécutif préférant des mesures salariales ciblées. “Il est indispensable et incontournable d’actualiser la valeur du point d’indice tant pour compenser a minima l’inflation que pour rattraper les pertes accumulées en matière de pouvoir achat”, souligne le secrétaire général de FO Fonction publique, Christian Grolier, dans un courrier adressé ce mardi à la ministre de la Transformation et de la Fonction publiques, Amélie de Montchalin. FO réclame également une “refonte de la grille indiciaire”. 

La CGT, la FSU et Solidaires aussi ?

La tonalité est la même du côté de la CGT, de la FSU et de Solidaires qui s’étaient déjà montrées “circonspectes” dès le lancement de la conférence. “Nos organisations n’ont nullement l’intention de servir de caution à une conférence qui pourrait être exploitée, au travers de la confusion actuelle, à des fins politiques et partisanes au moment où la campagne pour les présidentielles battra son plein”, disent leurs représentants dans un courrier également adressé à Amélie de Montchalin ce 16 novembre.

“À l’instant où, de manière absolument légitime, les salaires et le pouvoir d’achat constituent la première préoccupation des Français, nous ne pouvons concevoir que les agents de la Fonction publique ne bénéficient pas d’augmentations générales de leurs traitements, poursuivent-ils. Il n’est donc pas question que nous abandonnions aussi peu que ce soit notre exigence d’une revalorisation forte et urgente du point d’indice, ce que la conférence exclut complètement de ses compétences.” 

Ces 3 syndicats ne quittent pas pour autant la table des discussions… dans l’immédiat. “Sans réponse claire et rapide de votre part dès le prochain groupe de travail [de vendredi, consacré à l’égalité professionnelle, ndlr] permettant de lever ces lourdes hypothèques, nos organisations syndicales en tireraient les conséquences et sauraient prendre leurs responsabilités”, préviennent-ils à l’adresse de la ministre.

Le gouvernement désireux de poursuivre les discussions

En réponse, le ministère déclare “prendre acte” du départ de Force ouvrière, tout en le regrettant. Mais cela “n’entache pas et ne menace pas du tout le cours de la conférence”, explique l’entourage d’Amélie de Montchalin : “On préfère évidemment que ce cycle de discussions se fasse avec le maximum de gens de bonne volonté mais cela n’empêche pas que l’on continue à discuter avec d’autres organisations syndicales désireuses de réfléchir à l’avenir des questions salariales des agents publics.”

Surtout, y ajoute-t-on, “la politique salariale ne peut se résumer à la seule hausse du point d’indice”. Le ministère rappelle ainsi les grands thèmes à l’agenda de la conférence : l’égalité professionnelle entre les femmes et les hommes, la situation des contractuels, l’attractivité, le système et le déroulement des carrières ou encore la question de l’équité de rémunération entre métiers et filières.

“La réflexion n’est pas corsetée, nous sommes ouverts à toutes les propositions, indique l’entourage de la ministre. La conférence n’exclut donc en rien un débat sur l’indemnitaire et l’indiciaire.” Et de rappeler que 2 groupes de travail se tiendront prochainement (le 13 décembre et le 18 janvier) sur le système et le déroulement des carrières des agents publics. L’occasion pour le ministère de juger “un peu hâtives” les positions exprimées, d’une part, par FO et, d’autre part, par la CGT, la FSU et Solidaires.