LES SYNDICATS DE LA FONCTION PUBLIQUE NE VEULENT PAS D’UN PASSE SANITAIRE AU TRAVAIL

Alors que le gouvernement, et en premier lieu la ministre du Travail, Élisabeth Borne, a mis cette idée sur la table face à la propagation du variant Omicron, l’ensemble des syndicats manifestent leur opposition à la mise en œuvre d’une telle mesure dans la fonction publique.

Présenter un passe sanitaire va-t-il bientôt être obligatoire pour se rendre sur son lieu de travail ? La piste est en tout cas sur la table de l’exécutif face à la flambée du variant Omicron, alors qu’un projet de loi transformant le passe sanitaire en passe vaccinal sera présenté lundi 27 décembre lors d’un Conseil des ministres extraordinaire. Si elle était actée, l’extension du passe sanitaire au monde du travail pourrait être appliquée tant dans le secteur privé que dans la fonction publique, où certaines catégories de personnel sont déjà soumises à l’obligation vaccinale contre le Covid-19, comme les soignants ou les pompiers.

Dans l’attente d’arbitrages, le gouvernement multiplie les consultations auprès des partenaires sociaux, et notamment des syndicats de la fonction publique, qui ont été reçus par la ministre de la Transformation et de la Fonction publiques, Amélie de Montchalin, ce mardi 21 décembre. Une réunion au cours de laquelle l’ensemble des syndicats ont affirmé leur opposition à une extension à toutes les professions du passe sanitaire – qui serait quasi équivalente à une obligation vaccinale, à en juger par leurs réactions.

Inciter, mais pas contraindre

“Nous sommes en total désaccord avec cette éventualité, souligne ainsi Céline Verzeletti, de la CGT. Un acte médical doit être consenti plutôt que contraint, les droits et garanties des professionnels sont mis à mal” si un passe sanitaire leur est imposé dans le cadre professionnel. Si elle se déclare favorable à l’accès à la vaccination “pour tous”, Gaëlle Martinez, de Solidaires, estime toutefois que celle-ci ne doit pas se faire de “manière contraignante et coercitive avec des sanctions”. Référence notamment aux suspensions infligées aux soignants non vaccinés.

“Les agents publics sont très largement vaccinés, donc ce n’est pas utile et cela entraînerait plus de difficultés (en matière de contrôles notamment) que cela n’amènerait de bénéfices”, ajoute Benoit Teste, de la FSU.

Tout en se disant “favorable” à la vaccination, Nathalie Makarski, de la CFE-CGC, se montre elle aussi “très réservée sur l’extension du passe au travail : “la pédagogie doit rester au cœur des mesures et des actions de prévention”. Et de rappeler que “le caractère incitatif doit être la méthode pour inciter à la vaccination”.

“Risques de conflictualité”

Plutôt que des mesures contraignantes, en effet, les syndicats poussent l’exécutif à donner la “priorité à l’incitation et à la pédagogie” en matière de vaccination plutôt qu’à “la stigmatisation” des agents publics, affirme Christian Grolier, de Force Ouvrière. “Ne revivons pas les absurdités du secteur hospitalier, sans compter le fait que le contrôle du passe par le supérieur hiérarchique entraînerait des tensions fortes dans les collectifs de travail”, ajoute ce dernier.

Mylène Jacquot, de la CFDT, craint également des “risques de conflictualité élevés” au travail. S’agissant des contrôles, Luc Farré, de l’Unsa, estime de son côté qu’il “ne paraît pas possible de les mettre en place sur les lieux de travail sans risque conflictuel, les incitations et les contrôles pourraient être assurées par l’assurance maladie”. “Ce passe crée plus de problèmes et d’interrogations qu’il n’apporte de solutions, ce n’est pas aux agents de faire le contrôle”, abonde Pascal Kessler, de la FA-FP.

“Il nous semble urgent et indispensable de préférer d’autres mesures de prévention qui sont déjà connues, éprouvées, efficaces et rapidement opérationnelles”, poursuit Mylène Jacquot, de la CFDT. Cette représentante, comme d’autres syndicats, en évoque plusieurs : le renforcement du télétravail ou des mesures de protection, la révision de la gestion des cas contacts ainsi que la réactivation de centres de vaccination temporaires auprès des cités administratives. Les représentants du personnel poussent également à faciliter l’octroi d’autorisations spéciales d’absence (ASA) pour aller se faire vacciner, mais également d’autorisations de télétravail. Des autorisations qui, selon les remontées syndicales, ne sont pas toujours accordées par les employeurs publics.