LE CNFPT DÉVOILE SA FEUILLE DE ROUTE POUR LES SIX PROCHAINES ANNÉES

Le conseil d’administration de l’organisme de formation de la fonction publique territoriale a fixé cinq priorités pour la période 2022-2027. Parmi les principaux chantiers annoncés figurent de nouveaux partenariats, de nouvelles formations sur des problématiques territoriales émergentes ainsi que la montée en puissance de l’apprentissage.

Devenir la maison commune des territoriaux. Tel est l’objectif assigné pour les six prochaines années au Centre national de la fonction publique territoriale (CNFPT) par son président François Deluga, reconduit en mai dernier à la tête de l’établissement paritaire. En présentant le 2 février la feuille de route 2022-2027 de l’organisme en charge de la formation professionnelle des agents des collectivités, le maire du Teich (Gironde) a décliné cinq priorités pour cette nouvelle mandature. Une mandature qui, pour François Deluga, devrait faire du développement des compétences des agents territoriaux « un formidable levier pour aider le service public local à construire la société de demain » .

La toute première priorité du CNFPT consistera à confirmer l’établissement dans son rôle « fédérateur et partenaire de l’action publique locale » . Au service des 47 000 employeurs territoriaux et des 1,97 million d’agents (dont près de la moitié bénéficient d’une formation chaque année), le CNFPT entend notamment s’appuyer sur ses implantations locales pour « développer son rôle de centre de ressources et d’expertise » .

Partenariats stratégiques tous azimuts

Pour y parvenir, l’établissement mise en particulier sur des « partenariats stratégiques »  appelés à se multiplier, aussi bien avec les réseaux de collectivités et de professionnels qu’avec l’État et ses opérateurs, ou encore avec des organismes extérieurs à la sphère territoriale. À noter que l’ambition du CNFPT sera également de s’ouvrir davantage à l’international. Dans la foulée des collaborations initiées récemment avec Haïti ou le Liban, de nouvelles initiatives devraient prochainement voir le jour pour « valoriser l’action extérieure des collectivités » , mais également pour « apprendre des pratiques étrangères » . Il s’agira notamment de « développer des coopérations interrégionales et transfrontalières »  et de favoriser « la montée en compétences des agents locaux sur le plan des enjeux internationaux » .

Des formations axées sur les nouveaux enjeux territoriaux

La deuxième priorité du CNFPT pour les six ans à venir visera à accompagner les collectivités afin de répondre aux grands enjeux publics locaux. Pour y parvenir, l’établissement, qui forme les agents à près de 250 métiers, entend se mobiliser sur des problématiques qu’il juge désormais prioritaires. Il s’agit notamment de mettre en place des formations répondant aux nouveaux défis auxquels le monde territorial se trouve aujourd’hui confronté. Ces formations devraient, par exemple, être axées sur la résilience et l’aménagement des territoires, l’autonomie et la dignité des personnes, la santé publique, la cohésion sociale, les valeurs de la République, le vivre-ensemble, la sécurité et la tranquillité publiques.

La question écologique sera bien évidemment également au cœur de la stratégie de l’organisme paritaire. « Le CNFPT, à travers son offre de formation, doit permettre à chacun des métiers d’intégrer une dimension écologique dans son référentiel de compétences » , a notamment souligné François Deluga.

Une offre de service repensée

La garantie que chaque agent territorial puisse bénéficier des mêmes chances pour accéder à une formation de qualité constitue la troisième priorité du projet du CNFPT. Quels que soient la catégorie, la filière, le cadre d’emploi ou la spécificité de leur territoire, tous les personnels des collectivités devraient désormais pouvoir bénéficier de modes d’apprentissages et de parcours de formation individualisés. Pour y parvenir, le CNFPT table essentiellement sur une remise à plat de son offre de service. « Il s’agira à la fois d’améliorer les modalités d’accueil des stagiaires, de parfaire les contenus de formation en s’appuyant sur leur évaluation, de développer les compétences et la qualification de l’action des intervenants et de s’engager dans une démarche de certification de qualité » , est-il indiqué dans le projet l’établissement.

L’apprentissage, nouveau booster des carrières territoriales

Pour atteindre de tels objectifs, le CNFPT entend mieux accompagner les projets et les évolutions professionnelles des agents des collectivités. C’est d’ailleurs la quatrième priorité de l’organisme pour la période 2022-2027. Il s’agit d’abord de favoriser les progressions de carrière grâce au développement de la modularité des préparations aux concours et des formations statutaires et de mieux accompagner les transitions professionnelles, qu’elles soient choisies par l’agent dans le cadre d’un nouveau projet professionnel ou subies, par exemple dans le cas d’un reclassement pour inaptitude physique, d’une reconversion pour usure professionnelle ou de disparition d’un métier…

À noter que le CNFPT va également se mobiliser pour attirer de nouveaux talents dans la territoriale. Parmi les actions envisagées à court terme : la promotion des métiers territoriaux dans les forums et salons professionnels et par le biais de partenariat avec les écoles et les universités, ou encore le développement de l’alternance. Sur ce point, l’organisme de formation entend développer l’apprentissage afin de susciter auprès des élèves ou étudiants « l’envie de rejoindre le service public local »  ; l’apprentissage étant considéré comme un moyen efficace d’attirer notamment les jeunes sur les métiers en tension. En outre, en participant désormais au financement des coûts de formation des apprentis, le CNFPT affirme « disposer d’un levier important pour définir des objectifs qualitatifs avec les CFA et les collectivités » . Enfin, l’établissement annonce un engagement plus fort dans le domaine des transitions professionnelles. Ainsi, il devrait faciliter la mise en œuvre de plusieurs dispositifs tels que la validation des acquis d’expérience (VAE), la reconnaissance d’équivalence des diplômes (RED) tout en développant la qualification et la certification de ses formations.

Un modèle économique à l’épreuve du coût de l’apprentissage

Dernier axe prioritaire du CNFPT : la réaffirmation de son modèle économique. Un modèle qui se veut à la fois « mutualisateur, évolutif et durable »  et que le conseil d’administration entend ajuster « au plus près de ses coûts de production » . Pour le CNFPT, « un nouvel équilibre financier doit être défini, compte tenu en particulier de la nouvelle compétence apprentissage » . Rappelons, en effet, que depuis le 1er janvier 2022, le système de financement de l’organisme se trouve modifié. Une nouvelle cotisation maximale de 0,1% est prélevée au niveau des collectivités pour être affectée exclusivement à l’apprentissage. Alors que le CNFPT prend en charge l’intégralité des coûts de formation des apprentis (soit 80 millions d’euros), cette cotisation produirait 40 millions de recettes, alors que les participations versées par France Compétences et l’État, via des conventions spécifiques, s’élèveraient à 30 millions d’euros. Un montage qui laisserait chaque année à l’organisme de formation « une charge nette de 10 millions d’euros, hors coûts de gestion » .