UN SITE UNIQUE POUR CENTRALISER LES OFFRES D’EMPLOI DE TOUTE LA FONCTION PUBLIQUE
La ministre Amélie de Montchalin a officialisé, hier, le lancement du site internet choisirleservicepublic.gouv.fr, qui centralise les offres d’emploi des trois versions de la fonction publique et se veut « la marque employeur » du service public.
Marque employeur
Le gouvernement souhaite donc appliquer à la fonction publique le concept managérial très à la mode de « marque employeur ». « La marque employeur désigne l’ensemble des problématiques d’image de marque liées à la gestion des ressources humaines et au recrutement d’une entreprise. Elle est de plus en plus valorisée par les entreprises, des startups aux grands groupes en passant par les TPE-PME, qui ont pris conscience de la nécessité d’investir pour mettre en œuvre une communication adaptée pour attirer et conserver les talents », est-il ainsi expliqué sur le site de Pôle emploi. Une stratégie de marque employeur passe nécessairement par la création d’un site internet attractif, où « les candidats accèdent en quelques clics aux informations sur les métiers, les salaires ou les conditions de travail des entreprises ».
Ce site est d’abord un portail permettant de « découvrir » les métiers de la fonction publique, avec vidéos, fiches explicatives, visuels – surtout tournés, pour ce qui concerne la page d’accueil, vers les métiers de la fonction publique de l’État, dans l’armée, l’enseignement, la pénitentiaire ou à la DGFiP. En revanche, la page des offres d’emploi contient bien de très nombreuses offres publiées par les collectivités locales (en filtrant les offres avec les catégories « communes, EPCI, CCAS, départements, régions », on obtient un total d’environ 16 500 annonces).
Le site comprend également un « espace recruteurs », qui n’est accessible qu’à partir du moment où l’on a créé un « compte employeur » : il suffit de remplir un formulaire en ligne et d’envoyer sa demande, puis d’attendre la réponse des administrateurs qui accepteront, ou non, de créer le compte. Mais attention, cette possibilité n’est pas ouverte aux employeurs de la fonction publique territoriale : pour ceux-ci, rien ne change par rapport à ce qui existait auparavant. Leurs offres d’emploi sont gérées par les centres de gestion, qui en assurent la publication sur le site emploi-territorial.fr. Seule nouveauté : les offres publiées sur emploi-territorial.fr sont automatiquement renvoyées vers choisirleservicepublic.gouv.fr, ce qui leur assure donc une double parution.
Hommage aux agents publics
L’objectif du gouvernement, avec le lancement de ce site, est « d’attirer à nouveau des candidats vers ces métiers porteurs de sens et d’engagement », a expliqué hier Amélie de Montchalin dans un discours en forme d’ode aux fonctionnaires. « Si nous avons tenu [pendant la crise du covid-19], c’est aussi grâce à nos services publics (…), à celles et ceux qui se sont mobilisés le jour et la nuit, à celles et ceux qui sont toujours sur le pont, à l’hôpital bien sûr, mais aussi dans tous les services publics. Les agents publics ont réinventé leur façon de travailler, ils ont pris des risques, ils n’ont pas compté leurs heures, pour soutenir notre pays. Ils ont assuré les soins, la sécurité, l’entretien des espaces publics, la collecte des déchets, la scolarité de nos enfants, les aides d’urgence aux entreprises, l’accompagnement social des plus fragiles. »
Au-delà de cet hommage, le discours très politique de la ministre voulait répondre aux candidats à la présidentielle – ils sont plusieurs – qui prônent une réduction drastique du nombre de fonctionnaires : « N’écoutez pas ceux qui répètent les mêmes rengaines sur le ‘’trop de fonctionnaires’’. Rien que pour assurer les missions du service public, nous avons besoin de recruter 100 000 personnes par an, pas d’en supprimer 200 000. Il ne s’agit pas d’un grand plan de recrutements supplémentaires mais d’une réponse à un risque de pénurie de talents et de compétences nouvelles. Un risque inexorable si nous ne faisons rien. »
Car la ministre a insisté : « Notre fonction publique n’attire plus assez. » Elle a relevé que seulement un jeune sur 10 « se dit intéressé par les métiers du service public » et que le nombre de candidats qui se présentent à un concours de la fonction publique de l’État « a été divisé par trois en 25 ans ». Cette désaffection est, selon la ministre, due essentiellement « à des malentendus et des préjugés » qu’il faut « déconstruire », ces « discours de campagne ou propos d’estrade qui ont abîmé nos agents publics », ces « clichés du quotidien qui ont la vie dure et dépeignent un mode kafkaïen, des guichets dysfonctionnels, des montagnes de papier, une hiérarchie trop pesante ».
A contrario, Amélie de Montchalin a évoqué une fonction publique « qui représente la diversité et les talents de toute la société » et qui fait vivre « la liberté, l’égalité et la fraternité ».
La question des rémunérations
Reste la question qui est, certainement, le principal frein au recrutement dans la fonction publique : le faible niveau des rémunérations, le point d’indice étant bloqué depuis des années. Ce point figure d’ailleurs en bonne place dans le rapport rendu la semaine dernière par Philippe Laurent sur les pistes d’attractivité de la fonction publique (lire Maire info d’hier), dont les auteurs jugent urgent de « revoir les grilles indiciaires et surtout les progressions des carrières ».
Amélie de Montchalin a évoqué la question dans son discours, promettant que « demain », le gouvernement « offrira à chacun et à chacune des conditions de rémunération en phase avec l’engagement fourni, les responsabilités exercées, pour donner à tous des perspectives de progression car c’est bien ça la promesse initiale de la fonction publique. » Cet objectif sera au centre de la négociation salariale qui va s’engager, « sur la base des propositions » qui sortiront de « la conférence sur les perspectives salariales le mois prochain ».
mardi 8 février 2022
Par Franck Lemarc
pour maire-info.com