EMPLOI ET HANDICAP : LA FPT TOUJOURS LA PLUS VERTUEUSE
La fonction publique présente un taux d’emploi de personnes en situation de handicap de 5,44 %. Les collectivités devancent une nouvelle fois l’Etat et le secteur hospitalier avec un taux de 6,67%.
En 2021, les trois versants de la fonction publique employaient 255 859 personnes en situation de handicap (66 % de femmes), selon le bilan présenté le 24 mars par le Fonds pour l’insertion des personnes handicapées dans la fonction publique (FIPHFP). Soit un taux d’emploi de 5,44 % par rapport à l’ensemble des effectifs de la fonction publique. Ce taux a légèrement baissé par rapport à l’année 2020. « Des facteurs techniques pour le calcul du taux expliquent peut-être ce résultat », analyse le directeur du FIPHFP, Marc Desjardins. Mais aussi les départs en retraite, en particulier dans l’Éducation nationale où 1 900 personnes en situation de handicap ont quitté leur emploi l’année dernière. Un sujet qui se renouvellera. « Aujourd’hui, un tiers des bénéficiaires [de l’obligation d’emploi de personnes handicapées] ont 56 ans et plus. Nous nous attendons à des départs massifs lors des prochaines années » , prévoit-il.
« Ce clignotant » pourrait cependant être aussi « une opportunité », juge le directeur du Fonds. « Les employeurs publics vont être incités à recruter des personnes en situation de handicap et ne se concentrerons pas seulement sur leur maintien dans l’emploi » . Rappelons qu’en dessous de 6 %, les employeurs publics qui ont au moins 20 équivalents temps plein (ETP) versent une contribution au FIPHFP pour non-respect de l’obligation d’emploi de personnes handicapées.
6,67 % dans la FPT
Les collectivités restent les plus vertueuses pour l’emploi des personnes handicapées avec un taux de 6,67 % (soit 112 226 agents), devant le secteur hospitalier (5,48 %, soit 54602 agents) et l’État (4,40 %, soit 89 031 agents). Pour ce dernier, l’Éducation nationale (3,5 %) tire le chiffre vers le bas du fait que peu de professeurs sont en situation de handicap. Le taux d’emploi des personnes handicapées dans les ministères s’élève à 5,5 %.
En 2021, les trois versants de la fonction publique ont recruté 35 873 personnes handicapées et maintenu dans l’emploi 11 640 agents. La FPT en a embauché 21 286 personnes (59 % du total) et maintenu dans l’emploi 5 465 personnes (47 % du total).
12 478 employeurs publics ont été appelés à faire une déclaration sur la plateforme du FIPHFP en 2021, c’est-à-dire ceux qui ont au moins 20 ETP dans leurs effectifs et qui sont donc soumis à l’obligation légale d’emploi des travailleurs handicapés. Environ 4 000 employeurs ont dû verser une contribution pour un montant global de plus de 138 millions d’euros. La tendance est à la hausse puisque c’est + 28 % par rapport à l’année 2020. Les employeurs territoriaux ont contribué pour 33,5 millions d’euros (+ 0,07 % par rapport à 2020). Fragilisé ces deux dernières années, le FIPHFP, dont les recettes proviennent de cette contribution, retrouve ainsi une certaine « marge de manœuvre » pour financer les actions et accompagnements des employeurs et personnes handicapées, fait remarquer Françoise Descamps-Crosnier, présidente du Comité national du FIPHFP.
Accessibilité numérique
Ces ressources lui permettront de travailler en 2022 sur plusieurs chantiers exceptionnels (hors actions et aides plus classiques d’achat de matériels adaptés aux postes des personnes employées, accompagnements, animation du réseau Handi-Pacte regroupant les employeurs publics dans chaque région …).
Le premier chantier consistera à tirer les enseignements de la crise covid-19 en développant des aides pour la mise en place de tiers-lieux où des agents en télétravail pourront retrouver une communauté de travail. Le covid-19 a isolé nombre de personnes en situation de handicap et contribué à leur désinsertion. Le télétravail devenant de plus en plus commun, le FIPHFP souhaite ainsi lutter contre un des effets pervers de cette nouvelle organisation du travail.
Le Fonds compte également travailler sur les handicaps invisibles et prendre particulièrement en compte les syndromes post-traumatiques. Le troisième axe porte sur l’évolution des carrières de personnes handicapées : le FIPHFP va travailler sur la constitution de viviers d’agents et la mise en place de dispositifs d’accompagnement particuliers comme du coaching pour pousser les personnes en situation de handicap à postuler sur des postes qu’ils n’auraient pas naturellement visés et pour les aider lors de leur prise de poste.
Un quatrième gros chantier concernera l’accessibilité numérique pour lutter notamment sur la désinsertion professionnelle provoquées par certains logiciels et sites internet. Le FIPHFP accompagnera les employeurs pour rendre leurs sites internet accessibles, travaillera à la formation des développeurs informatiques à l’inclusion. L’enveloppe globale pour ces chantiers est de 13 millions d’euros dans un premier temps, mais pourrait être amenée à évoluer.
Édition du vendredi 25 mars 2022
Par Bénédicte Rallu
Dans : maire-info.com