SALAIRES DES AGENTS PUBLICS : DES PROMESSES D’AUGMENTATION À TOUT-VA CHEZ LES CANDIDATS

Passage en revue des propositions des 12 candidats à la fonction suprême en matière de pouvoir d’achat dans la fonction publique. Une problématique au cœur de la campagne présidentielle.

La question du pouvoir d’achat a profondément redessiné la fin de la campagne présidentielle. Une thématique qui, sous le poids du conflit russo-ukrainien, a relégué les autres sujets au second plan. Encore plus que cela avait pu être le cas lors des précédentes campagnes… Mais que proposent les candidats à la fonction suprême pour améliorer le pouvoir d’achat des agents publics ?

À la veille du premier tour de la présidentielle, passage en revue des propositions des candidats en la matière. L’ordre de mention des candidats est celui qui a été établi par le Conseil constitutionnel.

Nathalie Arthaud. La candidate de Lutte ouvrière vise un revenu minimum de 2 000 euros et une augmentation générale des salaires en les rehaussant de 300 euros minimum, sans préciser pour autant le détail des revalorisations entre secteur privé et secteur public. Celle qui dit représenter le camp des “travailleurs” met notamment l’accent sur l’augmentation des salaires dans les métiers de la santé.

Fabien Roussel. Face à la “précarisation des personnels”, le candidat du Parti communiste français vise une augmentation générale des agents publics. Il promet, à ce titre, de revaloriser de 30% la valeur du point d’indice de la fonction publique. Une manière selon lui de “rattraper un retard de onze ans de gel qui a amputé le pouvoir d’achat des agents de près de 10%”, explique-il dans nos colonnes. L’attractivité de la fonction publique et les déroulements de carrière en sortiront améliorés, assure Fabien Roussel.

Emmanuel Macron. “La confiance passe nécessairement, d’abord, par une meilleure reconnaissance des agents publics”, explique le Président-candidat dans nos colonnes, en mettant notamment en avant la nécessité de “mieux reconnaître et mieux rémunérer l’engagement collectif et individuel”. Outre la promesse d’un dégel de la valeur du point d’indice avant l’été,Emmanuel Macron s’enage aussi à “rebattre les cartes”de la rémunération dans la fonction publique “pour rendre les carrières plus attractives et les progressions de carrière plus différenciées”. S’il est réélu, il souhaite engager une négociation sur les carrières et les rémunérations. Le Président sortant, pour rappel, promet aussi d’augmenter le salaire des enseignants en échange de nouvelles missions.

Jean Lassalle. Le candidat de Résistons ! prévoit notamment une augmentation des salaires des enseignants. Il souhaite ainsi revaloriser leur salaire de 900 euros nets par mois, pour un enseignant en début de carrière. “Dans les années 1970, un enseignant touchait un salaire de 3 000 francs, soit 1,95 fois le Smic, explique-t-il dans son programme. En 2021, il percevait 1 500 euros, soit 1,4 fois le Smic.”

Marine Le Pen. La candidate du Rassemblement national promet des revalorisations ciblées, notamment dans le secteur hospitalier, avec 2 milliards d’euros sur cinq ans pour revaloriser les rémunérations du personnel soignant ainsi qu’une hausse de 10% de la rémunération des infirmiers. Marine Le Pen prévoit aussi une augmentation de 3% par an pour les enseignants. À la différence de 2017, en revanche, elle ne propose aucune revalorisation du point d’indice.

Éric Zemmour. Le candidat de Reconquête ! est également défavorable au dégel de la valeur du point d’indice, en raison du coût d’une telle mesure. Éric Zemmour, toutefois, propose lui aussi des revalorisations ciblées, notamment pour les enseignants. Et ce “en accélérant la progression” de leurs carrières et “en attribuant des primes d’excellence professorale fondées sur la qualité de la transmission du savoir évaluée grâce à de plus fréquentes inspections”, dit-il dans son programme. Éric Zemmour promet également une augmentation “immédiate” de 12 % de la rémunération des aides-soignants et infirmiers.

Jean-Luc Mélenchon. Le candidat de La France insoumise promet, s’il est élu, d’ouvrir des négociations avec les syndicats sur un “décret de revalorisation des métiers de la fonction publique par la modification des grilles indiciaires”, est-il indiqué dans son programme. Il propose ainsi de dégeler la valeur du point d’indice en le revalorisant d’une quinzaine de pourcents. “Ce qui fait l’attractivité de la fonction publique, c’est d’abord le sens, déclare Jean-Luc Mélenchon dans nos colonnes. Avec la planification écologique, nous donnerons un cap clair, le service public organise la mobilisation générale pour la bifurcation écologique. […]. Pour permettre cette mobilisation, il faut respecter les fonctionnaires et leur donner les moyens de travailler.” 

Anne Hidalgo. Une “conférence sociale sur les salaires”, dans le privé comme dans le public : c’est ce que promet la candidate socialiste. Dans nos colonnes, Anne Hidalgo mettait en avant l’importance de “renforcer l’attractivité, notamment salariale, de la fonction publique”. En cas d’élection, elle promet ainsi de relever “immédiatement” de 3% la valeur du point d’indice pour “rétablir le pouvoir d’achat” des agents publics. Au-delà, la candidate du PS veut plus précisément une revalorisation des rémunérations à l’hôpital et dans l’éducation nationale. Elle souhaite notamment rémunérer les enseignants “au niveau des rémunérations des cadres”. En ce sens, elle a promis, si elle est élue, de revaloriser leurs salaires d’entrée à 2 350 euros mensuels.

Yannick Jadot. Le candidat écologiste promet lui aussi une revalorisation de la valeur du point d’indice “dans les 100 jours” qui suivraient son arrivée à l’Élysée. Ce “sera le préalable à l’ouverture d’une conférence nationale sur l’attractivité de la fonction publique, les salaires et les conditions de travail”, dit-il dans nos colonnes. Yannick Jadot promet également un “plan d’urgence pour l’hôpital public”, avec une augmentation des rémunérations des personnels soignants (+ 10 % notamment pour les infirmiers). Il veut aussi augmenter les enseignants de 20 % sur le quinquennat.

Valérie Pécresse. La candidate des Républicains promet de laisser “davantage de place au mérite” et “à l’engagement qu’il soit individuel ou collectif”. “Restaurer l’attractivité, c’est offrir de la visibilité, des perspectives de déroulement de carrière, dit-elle dans nos colonnes. C’est bien sûr offrir des rémunérations qui ne soient pas en décalage trop important avec les salaires du privé.” Outre la possibilité de permettre le rachat de RTT, Valérie Pécresse promet aussi d’augmenter les salaires des enseignants, toujours selon une logique méritocratique. Pour ces derniers, elle entend ainsi “mieux payer toute forme d’engagement”, notamment lorsque ces enseignants accepteraient des missions supplémentaires ou encore lorsqu’ils seraient en poste dans des territoires ruraux isolés ou dans des établissements “difficiles”.

Philippe Poutou. Le candidat du Nouveau Parti anticapitaliste promet une “revalorisation immédiate” de 400 euros par mois pour tous, dans le privé comme dans le public. Il prévoit aussi une indexation des salaires sur les prix “pour éviter que l’inflation ne réduise à 0 l’augmentation des revenus”. Pour les enseignants, “qualifiés et sous-payés”, il promet une augmentation de 33 % de leurs salaires.

Nicolas Dupont-Aignan. “La fonction publique regorge de talents, il faut simplement veiller à mieux récompenser ceux qui portent sur leurs épaules les services concernés et être plus sévère avec l’absentéisme”, déclare le candidat de Debout la France ! dans nos colonnes. Selon lui, “l’urgence” réside dans l’indexation sur l’inflation de la rémunération des agents publics “pour éviter une forte baisse du pouvoir d’achat”. Nicolas Dupont-Aignan propose notamment de concentrer “l’effort” de revalorisation sur les policiers et les gendarmes, mais aussi sur les agents de l’hospitalière. Il pousse également à une augmentation des salaires des enseignants. Sur ce dernier point, il propose de diviser cette revalorisation en deux étapes : une augmentation de 20% pour tous les professeurs automatiquement et une augmentation supplémentaire de 20% pour les enseignants qui accepteraient des tâches supplémentaires, comme le soutien scolaire auprès d’élèves en difficulté.