MARINE LE PEN NE DÉGÈLERA PAS LE POINT D’INDICE ET VEUT TENIR LE CAP BUDGÉTAIRE

À la différence de ce qu’elle promettait en 2017 et contrairement à Emmanuel Macron, la candidate du Rassemblement national ne propose pas de dégel de la valeur du point d’indice de la fonction publique, du moins “dans l’immédiat”. “Pour l’instant, le dégel n’est pas faisable budgétairement dans le programme qui est le nôtre”, vient de confirmer le président de son mouvement, Jordan Bardella.

Marine Le Pen n’a cessé de le répéter durant la campagne présidentielle : elle veut “restaurer” la place de l’État et le “renforcer dans ses moyens”. “À tous les fonctionnaires de France, je veux exprimer ma confiance et leur dire : le pays a besoin de vous”, a dernièrement lancé la candidate du Rassemblement national (RN) en pointant un quinquennat Macron où les agents publics ont, selon elle, “trop souvent (été) bafoués”. Une opération séduction qui, pour ses détracteurs, percute la faisabilité de ses promesses.

“Marine Le Pen n’est pas la candidate du pouvoir d’achat, elle est la candidate de l’injustice”, a ainsi récemment taclé Amélie de Montchalin, la ministre de la Transformation et de la Fonction publiques et soutien du Président sortant, Emmanuel Macron. La ministre faisait notamment référence à la valeur du point d’indice de la fonction publique, que Marine Le Pen n’entend pas dégeler si elle est élue, à la différence d’Emmanuel Macron. Un point d’indice qui, pour rappel, est resté gelé depuis 2018.

Un dégel de 1 % promis en 2017 

La candidate du RN ne propose en effet aucune revalorisation générale cette année, ce qui était en revanche le cas lors de sa campagne présidentielle de 2017, où elle affrontait déjà Emmanuel Macron au second tour. Il y a cinq ans, Marine Le Pen s’était effectivement engagée à dégeler le point d’indice, de 1 % précisément.

“Il est nécessaire de mettre fin au gel du point d’indice, expliquait-elle alors dans nos colonnes. Cette perte conséquente de pouvoir d’achat a conduit à une fragilisation du statut de fonctionnaire. On a fait peser sur les agents publics le coût des politiques d’austérité.” Il y a dix ans, pour rappel, lors de la campagne présidentielle de 2012, Marine Le Pen avait déjà proposé de revaloriser le point d’indice, mais uniquement pour les “petits salaires”. 

Comment expliquer alors son changement de braquet aujourd’hui ? Et ce alors même qu’elle a critiqué le gel du point d’indice au cours du quinquennat d’Emmanuel Macron. Avec la hausse de la CSG “à peine compensée”, le Président “poursuit une politique néfaste pour le service public et ses agents”, avait ainsi affirmé Marine Le Pen en octobre 2017 sur Twitter.

“Pas faisable budgétairement”

“Pour l’instant, le dégel de la valeur du point d’indice n’est pas faisable budgétairement dans le programme qui est le nôtre”, a justifié le président du RN, Jordan Bardella, sur France info mardi 19 avril. Mais, a-t-il poursuivi, “si on peut évidemment le dégeler, on le fera au cours du quinquennat”. Pour rappel, une augmentation d’1 % de la valeur du point d’indice représenterait une dépense publique de l’ordre de 2 milliards d’euros.

Plutôt qu’une revalorisation générale, Marine Le Pen mise en effet désormais sur des revalorisations ciblées, en particulier dans la police, la fonction publique hospitalière et l’éducation nationale. Pour les enseignants, elle prévoit ainsi une hausse de 3 % des salaires par an. “Dans l’urgence, il nous semble que ce sont les soignants, les policiers et les enseignants qui méritent cette augmentation des salaires”, a ainsi précisé Jordan Bardella.

Le président du RN justifie aussi l’absence de dégel du point d’indice par le lot des autres promesses de Marine Le Pen censées “rendre du pouvoir d’achat aux Français”. “Ce n’est pas le choix que j’ai fait, a ainsi affirmé cette dernière sur France info le 8 avril. J’ai fait le choix de faire une grande politique pour restituer à l’ensemble des foyers français, en moyenne, 150 à 200 euros par un certain nombre de mesures, notamment la baisse des impôts.”