LE DÉGEL DU POINT D’INDICE À L’ÉPREUVE DE LA NOUVELLE DONNE PARLEMENTAIRE

Le projet de loi sur le pouvoir d’achat, qui doit acter notamment le dégel du point d’indice de la fonction publique, sera une “épreuve de vérité”, a concédé la porte-parole du gouvernement, Olivia Grégoire, le 20 juin, au lendemain du second tour des élections législatives. La présentation et l’examen de ce texte sont prévus début juillet. Mais la perte, par Emmanuel Macron, de sa majorité absolue risque de bousculer la donne, voire le calendrier.

Ce doit être le premier texte à passer devant la nouvelle Assemblée nationale, mais son examen promet déjà de tourner au casse-tête pour la “macronie”. Emmanuel Macron ayant perdu, à l’issue des législatives, la majorité absolue au Palais-Bourbon, l’exécutif aura à composer avec les autres forces politiques du pays pour faire adopter son projet de loi sur le pouvoir d’achat. Un texte censé notamment acter la revalorisation du point d’indice de la fonction publique, une promesse de campagne du Président.

La présentation dudit projet de loi doit, pour rappel, intervenir en Conseil ministres le 6 juillet, avant son examen par le Parlement dans la foulée. Mais la nouvelle donne parlementaire, marquée par la poussée de la gauche (incarnée par la Nupes) d’une part et du Rassemblement national d’autre part, pourrait bousculer le calendrier initialement prévu pour ce projet de loi. Et par là-même, remettre en cause la concrétisation du dégel du point d’indice.

Des propositions aux antipodes dans l’opposition

La porte-parole du gouvernement, Olivia Grégoire, vient en effet de le concéder au lendemain du second tour des élections : “Ça va être compliqué [de gouverner, ndlr], évidemment, a-t-elle affirmé sur France inter ce lundi 20 juin. Il va falloir de l’imagination, de l’audace, de l’ouverture, c’est une évidence.”

Ce projet de loi sur le pouvoir d’achat sera une “épreuve de vérité”, a ajouté Olivia Grégoire, tout en confirmant l’intention de l’exécutif de présenter rapidement ce texte. Mais aussi son souhait de tendre la main à ceux qui souhaiteraient faire “avancer le pays”, face, notamment, à l’inflation galopante.

Les propositions divergent de beaucoup entre les différentes forces politiques, notamment s’agissant de la revalorisation du point d’indice. La Nouvelle Union populaire, écologique et sociale (Nupes) souhaite une hausse de 10 %. Quant au Rassemblement national, Marine Le Pen avait indiqué durant la campagne présidentielle qu’elle ne dégèlerait pas le point d’indice en cas d’élection, du moins pas “dans l’immédiat”. La candidate du RN préférait en effet des revalorisations ciblées à cette revalorisation générale.

Des syndicats toujours sur la même ligne

S’il a affirmé à de multiples reprises son souhait de dégeler le point d’indice, l’exécutif n’a, pour sa part, pas précisé sa position sur le montant de la revalorisation prévue. Début juin, le ministre de la Transformation et de la Fonction publiques, Stanislas Guerini, s’était borné à évoquer un dégel “le plus significatif” possible et “effectif dès cet été”. Reste à savoir désormais si cette revalorisation interviendra donc bien cet été, au vu des résultats issus des urnes dimanche et à leurs futurs impacts sur le déroulé de l’examen du projet de loi sur le pouvoir d’achat.

Les syndicats, en tout cas, mettent une nouvelle fois la pression sur l’exécutif, nonobstant l’issue du second tour des législatives. “Notre pays se réveille sans majorité claire avec un score historique du RN, a réagi sur Twitter Luc Farré, de l’Unsa Fonction publique. La recherche de majorité ne devra pas faire oublier les difficultés de nombreux Français et agents publics face à la hausse continue de l’inflation.” L’occasion pour le syndicaliste d’appeler à la mise en œuvre “rapide (…), dès le mois prochain”, des “mesures attendues et promises” sur les salaires notamment, et en premier lieu sur le point d’indice de la fonction publique.