SEPT FONCTIONNAIRES SUR DIX SONT INSATISFAITS DE LEUR RÉMUNÉRATION

Avant l’annonce, le 28 juin, d’une hausse de 3,5% du point d’indice de la fonction publique qui s’appliquera à compter du 1er juillet (voir notre article), 71% des fonctionnaires avaient le sentiment d’être « mal payés », indique un sondage BVA pour la Casden.

55% des fonctionnaires estimaient qu’ils sont « mal payés » et 16% qu’ils sont « très mal payés », selon cette enquête qui a été réalisée par internet, fin avril et début mai, auprès de 1.500 fonctionnaires représentatifs des fonctionnaires français. A l’inverse, 29% des fonctionnaires considèrent qu’ils sont « bien payés » (dont 1% « très bien payés »).

La proportion de fonctionnaires territoriaux ayant le sentiment d’être « mal payés » est exactement du même ordre que pour l’ensemble des fonctionnaires (71%). Les agents de catégorie C, que l’on sait particulièrement nombreux dans la territoriale (puisqu’ils constituent les trois quarts de ses effectifs), partagent cette opinion à 76%. On trouve un degré d’insatisfaction un peu moindre chez les fonctionnaires des catégories A et B de l’ensemble du secteur public : les deux tiers des agents relevant de chacune de ces catégories considèrent qu’ils sont « mal payés ». Un résultat qui demeure donc élevé.

Fins de mois difficiles

60% des fonctionnaires déclarent qu’ils encourageraient leur enfant à travailler dans la fonction publique, si c’était le souhait de celui-ci. 68% de ceux qui ne le recommanderaient pas justifient leur choix par la rémunération jugée trop faible.

Si les fonctionnaires sont aussi nombreux à manifester leur mécontentement sur leur rémunération, c’est notamment parce qu’ils ont du mal à joindre les deux bouts. 61% affirment avoir « souvent » ou parfois » des difficultés à boucler leurs fins de mois. Mais il s’agit d’une moyenne. Cette réalité est en fait plus souvent vécue par les fonctionnaires territoriaux (67%) et par les agents de catégorie C des trois versants (71%).

Interrogés par ailleurs sur l’hypothèse de la mise en place d’une « rémunération au mérite » dans la fonction publique, une majorité de fonctionnaires (56%) disent y être favorables. Et l’idée séduit près des deux tiers des agents territoriaux (65%).

69% des fonctionnaires déclarent être « pessimistes » quand ils pensent à leur avenir dans la fonction publique. Sur ce résultat pèsent les réponses des enseignants (77% de pessimistes) et des fonctionnaires des hôpitaux (là encore 77% de pessimistes). Les agents territoriaux ont un peu plus confiance dans leur avenir en tant que fonctionnaires : le pessimisme ne touche « que » 62% d’entre eux.

Fort sentiment d’utilité

Les fonctionnaires sont actuellement beaucoup plus négatifs sur leurs perspectives qu’en 2020 et 2021, deux années marquées par la crise sanitaire. Ceux qui avaient une vision optimiste de l’avenir dans la fonction publique (50%) étaient alors aussi nombreux que les pessimistes (50%). Dans la territoriale, seulement 42% des fonctionnaires voyaient l’an dernier l’avenir en noir.

Une large majorité de fonctionnaires considèrent que les missions des services publics ne sont pas suffisamment comprises par les usagers (77%) et valorisées auprès des citoyens (84%). 73% d’entre eux estiment qu’ils ne sont pas reconnus par la société. En revanche, les fonctionnaires se sentent utiles à la société (88%) et fiers de leur mission (88%).

Depuis 2020, l’écart « se creuse entre leur fierté personnelle qui se renforce et l’impression de plus en plus nette que la société ne les reconnait pas à leur juste valeur », analysent la société BVA et la Casden. Une telle évolution explique « sans doute » une « grande partie » du « désarroi » exprimé par les fonctionnaires, concluent-ils.

Rapport de résultats 2022
(PDF, 1.82 Mo)