LES SPÉCIFICITÉS DES RETRAITES DES FONCTIONNAIRES NÉGOCIÉES … BIENTÔT

Le ministre du Travail a commencé le premier cycle de négociations avec les syndicats pour la réforme des retraites. Celui de la fonction publique doit faire de même pour les aspects spécifiques aux fonctionnaires, mais pour l’instant, aucun calendrier n’est annoncé. En attendant, les syndicats s’organisent.

Bien que le sujet des retraites fasse partie des revendications « contre la vie chère » que la Nupes porte dans la rue le 16 octobre et de l’appel intersyndical à la grève pour le 18 octobre, les négociations sur leur réforme ont commencé, dans une ambiance « apaisée et constructive », assure le ministère du Travail.

L’ensemble des organisations syndicales siégeant au Comité d’orientation des retraites (CFDT, CGT, FO, CFE-CGC, CFTC, Unsa, FSU et FNSEA) ont participé, le 5 octobre, à une rencontre de cadrage animée par le ministre du Travail, Olivier Dussopt. Puis, le 11 octobre, à la première réunion d’un premier cycle de discussions, qui donne à présent lieu à des rencontres bilatérales.

« L’application du régime aux fonctionnaires »

Au programme de ce premier cycle : l’emploi des seniors et la prévention de l’usure professionnelle, c’est-à-dire aussi, selon les conseillers d’Olivier Dussopt, « les départs anticipés, la transition entre activité et retraite… ». Selon le même format associant réunions et bilatérales, un second cycle s’ouvrira à partir du 7 novembre. Il portera sur l’équité et la justice sociale, soit les petites pensions et les retraites minimales, les dispositifs de solidarité et l’égalité femmes-hommes, mais aussi, a annoncé le ministère aux syndicats, « l’avenir des régimes spéciaux et l’application du régime à certaines populations spécifiques, dont les fonctionnaires ». Ceci avant un troisième cycle consacré aux questions de financement, prévu du 28 novembre à mi-décembre.

Or, si plusieurs des sujets de ces cycles concernent les fonctionnaires, il est prévu qu’une concertation spécifique au secteur public soit organisée, en parallèle, par Stanislas Guérini, le ministre de la Transformation et de la fonction publique. Mais au 13 octobre, les organisations syndicales n’avaient toujours pas reçu d’information sur les modalités et le calendrier de cette concertation. « Nous prêtons énormément d’attention à ce chantier, parce que c’est un sujet essentiel pour les agents », assure Luc Farré, secrétaire général de l’Unsa Fonction publique. Pour lui, « il est normal qu’il soit abordé à part de la concertation générale, car il y a des questions spécifiques : les conditions d’emploi ne sont pas les mêmes que dans le privé, la très grande majorité des agents est en emploi au moment de prendre leur retraite, le service actif n’existe pas dans les entreprises… ».

Attentes sur la pénibilité

Mais il espère bien pouvoir aborder aussi les questions de pénibilité, même si ce sujet est à l’ordre du jour de la concertation générale. « Celle-ci doit aussi être prise en compte dans la fonction publique », martèle-t-il. Et il n’est pas seul à être en attente sur ce point : « Il faut quand même se rappeler que c’est Emmanuel Macron qui a supprimé 4 des 8 critères de pénibilité qui existaient auparavant, pointe Didier Louvet, représentant de la fédération CGT des services publics. Il va falloir qu’il précise ses intentions ».

Pour articuler ces deux concertations – générale et propre au public –, la CGT a réuni son Collectif retraites le 7 octobre : « On travaille au niveau confédéré, explique encore Didier Louvet, et on échange beaucoup entre nous, pour qu’aucun régime ne soit laissé de côté ». Une intersyndicale s’est aussi constituée pour monter au front le cas échéant : « On se met en ordre de marche », assure-t-il. Le 4 octobre, 13 organisations ont ainsi signé un communiqué commun pour rappeler qu’elles sont « fermement opposées à tout recul de l’âge de départ à la retraite et à une augmentation de la durée de cotisation ». Un texte qui demandait aussi que les concertations portent incluent bien les thèmes des dispositifs de carrière longue, de pénibilité, d’usure au travail, etc.

Des sujets qui « s’entrechoquent »

« Il y aura aussi une déclaration commune pour les volets spécifiques à la fonction publique, assure le représentant de la CGT. Nous sommes déjà sur des sujets communs, comme la protection sociale complémentaire. Ce travail en intersyndicale est un gros enjeu ». Mais le problème, avertit-il, est « que le contexte fait que les sujets vont se chevaucher et s’entrechoquer : on voit déjà la mobilisation des syndicats des mines-énergie, d’EDF… Il n’y peut-être pas besoin de changer les régimes de retraite en ce moment ».

Le 13 octobre, la fédération CGT des services publics a déclaré apporter son soutien aux grévistes dans les raffineries, appelant ses militants à participer au mouvement de grève du 18 octobre, entre autres pour réaffirmer un « rejet de la réforme des retraites ».

publié le 14 octobre 2022
lagazettedescommunes.com