ÉLECTIONS PROFESSIONNELLES : « FO NE CONFOND PAS NÉGOCIATION ET CONCERTATION »

Pour éclairer le vote des agents (par voie électronique dès le 1er décembre, et dans les urnes le 8 décembre), la Gazette des communes publie une série d’interview des représentants des personnels territoriaux.

Aujourd’hui, les positions et revendications de FO Territoriaux, par la voix de Johann LAURENCY, Secrétaire fédéral.

A ceux qui voteront pour la première fois, comment qualifieriez-vous votre syndicat ?

Nous défendons les valeurs de liberté, d’indépendance vis-à-vis du politique, la laïcité, la solidarité entre nous, c’est-a-dire au sein même du syndicat FO. C’est aussi la défense d’un service public républicain assuré par des fonctionnaires territoriaux. Cela ne veut pas dire qu’on est contre les contractuels, mais nous sommes contre la contractualisation de la fonction publique. Il s’agit d’agir pour préserver ces derniers de la démarche de renforcement de la précarité de l’emploi public. Et le statut est la garantie de la neutralité. On se distingue aussi par la démocratie interne dans notre organisation.

S’agissant de votre conception du dialogue social, que répondez-vous à ceux qui disent que vous pratiquez la politique de la chaise vide ?

La politique de la chaise vide, cela a pu être le cas à une certaine époque, une fois de temps en temps en instance, notamment lorsque la réforme de la fonction publique était débattue. Cela n’est plus le cas. Cela étant, si on veut négocier jusqu’au bout, on ne confond pas négociation et concertation. On ne souhaite pas être co-législateur. Chacun sa place. Nous ne sommes pas un contre-pouvoir mais un contrepoids. La décision de signer un accord ou pas chez nous se prend facilement : si on juge que c’est bon pour les agents, on signe. Si ce n’est pas le cas, on ne signe pas.

Quelles sont vos revendications pour les territoriaux au niveau national, c’est-à-dire portées au Conseil supérieur de la fonction publique territoriale ?

Au global, nous réclamons le recrutement et la création d’emplois statutaires mieux rémunérés, c’est aujourd’hui une urgence pour la qualité des services publics et les conditions de travail des personnels. Davantage de fonctionnaires cela signifie améliorer la santé et la sécurité au travail, notamment les possibilités de reclassement pour inaptitude et assurer le recrutement de personnels en situation de handicap. Il faut alléger la charge de travail, simplifier l’organisation des services, mieux équilibrer vie professionnelle et vie privée. Nous réclamons aussi l’arrêt immédiat des restructurations, fusions et mutualisations des services et administrations.

 Le Conseil supérieur de la fonction publique territoriale devrait se saisir du sujet de la fluidification des carrières, en les améliorant bien sûr. Comme il y a moins de recrutements, les carrières sont bloquées. Notre autre revendication, elle peut paraître anecdotique, c’est la revalorisation des heures de nuit et le dimanche. Les indemnités existent mais elles n’ont pas été revalorisées depuis plus de 40 ans, et il faut qu’elles soient obligatoirement versées à partir du moment où l’agent effectue ses heures. Comment se fait-il qu’il faille encore aujourd’hui des délibérations pour payer des agents en heures de nuit ? C’est aberrant !

Comment appréhendez-vous la fusion des instances de dialogue social ?

Nous sommes à la fois sereins et inquiets pour les agents des collectivités qui n’auront pas de formation spécialisée santé sécurité et conditions de travail [substitut du CHSCT à la suite la fusion de ce dernier, au 1er janvier 2023, avec le comité technique, ndlr]. On a préparé nos syndicats à cela mais le nombre de représentants du personnel va obligatoirement diminuer. Ce qui fait peser de gros risques sur les conditions de travail, la santé des agents et leurs carrières.

FO veut le rétablissement des CHSCT-CT et leurs prérogatives, le retour aux dispositions législatives et réglementaires issues de l’accord SST de 2009, ainsi que celles garantissant la médecine de prévention, la maladie de prévention, la maladie contractée en service et les conditions de déclaration des accidents de service et de maladie professionnelle.

S’agissant du taux de participation, vu le contexte, pressentez-vous un regain pour le vote ?

On l’espère mais on n’en est pas du tout certains. La revendication pour une hausse des salaires est certes plus forte qu’en 2018. Mais on ne sent pas que les collectivités sont vraiment impliquées dans ces élections en tant qu’organisatrices. Dans certains endroits, il n’y aura peut-être que 60 % du corps électoral qui pourra voter parce que les collectivités n’ont pas envoyé à temps les listes à leur centre de gestion…

23 novembre 2022
La Gazette des Communes