RETRAITES: LES SYNDICATS DE LA FONCTION PUBLIQUE VEULENT INTENSIFIER LA PRESSION SUR L’EXÉCUTIF

La journée d‘action du mardi 7 mars contre la réforme des retraites est une réussite, se félicitent les syndicats de la fonction publique. Deux nouvelles journées de mobilisation sont prévues, les samedi 11 et mercredi 15 mars, alors que l’examen de la réforme par le Parlement entre dans sa dernière ligne droite.

Les représentants du personnel restent déterminés. Forts des bons résultats de la journée d’action du mardi 7 mars, les syndicats de la fonction publique appellent à poursuivre la mobilisation contre le projet de réforme des retraites. Deux nouvelles journées d’action sont ainsi programmées, le samedi 11 mars et certainement le mercredi 15. Manière pour les organisations syndicales de ne pas relâcher la pression sur l’exécutif et de réclamer de nouveau le retrait du projet de réforme, alors même que son examen au Parlement pourrait s’achever très prochainement.

“Nous restons plus mobilisés que jamais, tonne ainsi Gaëlle Martinez, de Solidaires. Nous continuerons de mettre la pression sur le gouvernement jusqu’au retrait de la réforme.” “Nous restons très déterminés et confiants dans notre capacité à gagner”, abonde Benoît Teste, de la FSU, quand Christian Grolier, de Force ouvrière, juge “urgent (que le gouvernement) retrouve la raison”. 

Malgré la contestation sociale, l’exécutif maintient en effet son cap et, en particulier, son objectif de reporter l’âge légal de départ à la retraite. Il argue notamment que la journée d’action du 7 mars n’a pas donné lieu au raz-de-marée escompté par les syndicats, qui avaient appelé à “mettre la France à l’arrêt”. 

Mobilisation “historique” pour Solidaires 

La mobilisation de mardi est un succès, lui rétorquent néanmoins les organisations syndicales. Cette journée d’action “est clairement une réussite tant dans la remontée du nombre de grévistes que dans la participation aux manifestations”, affirme ainsi Mylène Jacquot, de la CFDT. Et ce “d’autant plus que de nombreux agents ont posé un jour de congé pour éviter de perdre trop sur leur rémunération”, développe-t-elle. C’est une mobilisation “historique”, estime même Gaëlle Martinez, de Solidaires.

“On a maintenu la mobilisation à un très haut niveau, c’est un mouvement inédit”, renchérit Benoît Teste, de la FSU. Un regain de mobilisation a en effet été observé dans la fonction publique le 7 mars. Selon les données communiquées par le ministère de la Transformation et de la Fonction publiques, le taux de grévistes s’est ainsi élevé à 25,8 % dans la fonction publique d’État, à 12,8 % dans la territoriale et à 14,6 % dans l’hospitalière. Des chiffres en hausse par rapport aux trois précédentes journées d’action, les 16 février, 7 février et 31 janvier, où l’on avait constaté un effritement progressif de la mobilisation. Les taux de grévistes observés dans la fonction publique le 7 mars restent néanmoins inférieurs à ceux constatés le 19 janvier, qui avait ouvert le bal des journées d’action contre la réforme des retraites.

Même s’il les juge “toujours inférieurs à la réalité”, les chiffres donnés par l’administration démontrentselon Christian Grolier, de FO, “que les personnels restent mobilisés et opposés au projet de loi”, de surcroît, ajoute-t-il, “dans un contexte où leur pouvoir d’achat reste en berne avec plus de dix ans de gel du point d’indice. Et ce n’est pas la hausse de 3,5 % de juillet 2022 qui suffira à compenser une inflation qui explose depuis dix-huit mois”. 

Une journée d’action programmée le jour de la CMP

“La mobilisation enregistrée ne fait que réaffirmer la détermination des agents à faire entendre leur rejet de cette réforme”, juge aussi Pascal Kessler, de la FA-FP. Un constat partagé par Luc Farré, de l’Unsa, pour qui “la très forte mobilisation montre la détermination des Français, partout, à s’opposer à cette réforme qui les obligera à travailler deux ans de plus et aggravera la retraite des femmes qui ont eu des enfants, en particulier dans la fonction publique”.

Le mouvement de contestation “ne s’essouffle pas, au contraire”, estime de son côté Céline Verzeletti, de la CGT. “Mais, ajoute la syndicaliste, nous avons encore besoin d’élargir le mouvement et d’avoir encore plus de grévistes”, faisant référence aux deux nouvelles journées de mobilisation annoncées par l’intersyndicale : le samedi 11 mars et le jour de la commission mixte paritaire (CMP) sur le projet de loi de réforme des retraites, probablement le mercredi 15 mars. “Nous abordons la perspective des deux prochaines mobilisations avec la même volonté de réussite : obtenir le retrait de ce projet de loi”, explique Pascal Kessler, de la FA-FP.

“L’objectif est de maintenir la pression dans un contexte où nombre de parlementaires des partis soutenant le projet de réforme expriment de forts doutes sur celle-ci, voire expriment publiquement le fait qu’ils voteront contre”, développe Nathalie Makarski, de la CFE-CGC. Et à ce sujet, Benoît Teste le reconnaît, “les prochains jours seront décisifs”. Et pour cause…

Adoption parlementaire ou ordonnance ?

La discussion sur le projet de loi est prévue jusqu’au 12 mars au Sénat. En cas d’accord entre les députés et les sénateurs en CMP le 15 mars, la lecture des conclusions de cette commission devrait intervenir le jeudi 16 mars, avec l’adoption définitive du projet de loi. En revanche, si la commission mixte paritaire ne parvient pas à un accord, alors le texte sera examiné en nouvelle lecture par le Sénat et l’Assemblée nationale, le Palais-Bourbon devant avoir le dernier mot.

Mais si dans un délai de 50 jours, soit d’ici le 26 mars, le Parlement n’a pas définitivement adopté le projet de loi de réforme des retraites, le gouvernement Borne pourra recourir à une ordonnance pour la mettre en œuvre. Cette disposition de la Constitution n’a jamais été appliquée dans l’histoire de la Ve République.