SÉNAT : LA FUITE EN AVANT POUR VOTER LA RÉFORME (DES RETRAITES)

Triste symbole pour la démocratie ? Alors que plus de 3 millions de travailleurs ont manifesté mardi 7 mars pour dire non au recul de l’âge légal de départ en retraite de 62 à 64 ans, la majorité sénatoriale a écourté dans la nuit les débats sur l’article 7 du texte gouvernemental, celui-là même qui acte le report à 64 ans. Pour y parvenir, elle a utilisé – pour la première fois depuis 2015 – un article du règlement interne qui lui a permis de passer à la trappe la majorité des amendements de l’opposition visant la suppression de l’article 7. L’adoption de celui-ci était attendue mercredi 8, au lendemain de la sixième journée de mobilisation historique contre la réforme…

110 heures d’examen

Rien d’une surprise : chaque année depuis 2017, la Chambre haute vote un texte reculant à 64 ans l’âge légal de départ en retraite. Actuellement, sa manœuvre vise à accélérer l’examen de la réforme dans l’objectif de la faire voter d’ici dimanche 12 mars minuit. Car son temps d’examen est limité à 110 heures – malgré 4 700 amendements. Résultat, depuis l’arrivée du projet dans l’hémicycle le 2 mars, les sénateurs pressent le pas. Ils ont voté l’article supprimant cinq régimes spéciaux, dont ceux des industries électriques et gazières, de la RATP, de la Banque de France. Ils ont adopté l’index senior, en réduisant son application aux entreprises d’au moins 300 salariés. Ils ont voté un amendement ouvr[ant] la réflexion sur la capitalisation. Et créé un CDI senior, lequel exonérerait l’employeur de cotisations famille, au risque de massifs effets d’aubaine.

Cerise sur le gâteau, Emmanuel Macron, qui table sur le Sénat pour donner une légitimité démocratique à sa réforme dont les Français ne veulent pas, prend aujourd’hui prétexte du respect du temps parlementaire – lequel est tout sauf respectueux – pour refuser de recevoir l’intersyndicale !


par Elie Hiesse, L’Info Militante