1 CADRE DE LA FONCTION PUBLIQUE SUR 4 NE PENSE PAS POUVOIR TENIR JUSQU’À LA RETRAITE

Le ministère du Travail vient de publier une étude sur la capacité des salariés français à faire le même travail jusqu’à la retraite. Une étude qui contient également de nombreuses données sur le sentiment de “soutenabilité” ou d’“insoutenabilité” du travail dans la fonction publique.

Voilà des données que les détracteurs de la réforme des retraites et du report de l’âge légal de départ ne manqueront pas d’utiliser pour appuyer leurs arguments. La direction de l’animation de la recherche, des études et des statistiques (Dares) du ministère du Travail vient de publier une étude sur la capacité des salariés à faire le même travail jusqu’à la retraite. Une étude basée sur une enquête invitant les Français à se prononcer sur la soutenabilité de leur travail.

Résultat : en 2019, plus d’un tiers des salariés français déclarent ne pas se sentir capables de tenir dans leur travail jusqu’à leur retraite. Dans le détail, 37 % des salariés “ne considèrent pas leur travail comme soutenable”, indique la Dares, en fournissant des données par familles professionnelles et donc également sur le sentiment d’insoutenabilité du travail dans la fonction publique.

47 % des aides-soignants ont un sentiment d’“insoutenabilité”

Sans surprise, les métiers au contact du public et physiquement exigeants sont particulièrement jugés “insoutenables”. À titre d’exemple, près d’un aide-soignant sur deux (47 % précisément) déclare ne pas ne pas être capable de tenir dans son travail jusqu’à la retraite.

“À l’opposé, explique l’étude, les métiers les plus soutenables jusqu’à la retraite sont en moyenne plus qualifiés et davantage exercés dans des bureaux, que ce soit dans le privé ou dans le public.” Tous les salariés exerçant ce type de métiers, y compris dans la fonction publique, ne déclarent pas pour autant se sentir capables de tenir dans leur travail jusqu’à la retraite.

Ainsi, en 2019, 27 % des cadres de la fonction publique (catégorie A et assimilés) disaient ne pas être capables de faire le même travail jusqu’à la retraite. Cette proportion monte à 28 % pour les professions intermédiaires administratives de la fonction publique (les catégories B notamment) et s’établit à 25 % pour les employés administratifs du secteur public (les agents de catégorie C notamment).

Facteurs multiples 

Alors comment expliquer ces différences de perception selon les catégories socio-professionnelles ? Par l’exposition à des risques professionnels (physiques ou psychosociaux), “tout comme un état de santé altéré”, qui “vont de pair avec un sentiment accru d’insoutenabilité du travail”, souligne le ministère du Travail.

Au-delà, la Dares avance des facteurs permettant à ses yeux de réduire ce sentiment d’insoutenabilité, tels que l’autonomie laissée aux travailleurs ou le “soutien social” qui leur est accordé. Les changements organisationnels, quant à eux, sont “préjudiciables” à la soutenabilité du travail, relève la direction, à moins que les salariés participent à la décision.

“Quand le salarié juge avoir de l’influence sur la mise en œuvre du changement, la probabilité de sortir de l’insoutenabilité augmente de 6 points par rapport à une situation d’absence de changement”, développe la Dares. De quoi plaider en faveur d’une meilleure association au quotidien des salariés, dans le privé comme dans la fonction publique, le tout dans une démarche plus globale de qualité de vie au travail et d’amélioration des conditions de travail.