BIBLIOTHÈQUES : LES PRIORITÉS DE L’ÉTAT POUR LES MOIS À VENIR
Lors d’un débat organisé le 3 avril à Paris sur les suites de la loi de 2021 relative aux bibliothèques, le représentant du ministère de la Culture a esquissé le programme de travail de l’Etat pour 2023. Avec l’ouverture de plusieurs dossiers déterminants.
Le chantier des bibliothèques est-il clos avec la loi du 21 décembre 2021 relative aux bibliothèques et au développement de la lecture publique (dite loi « Robert ») ?
Même si le texte ne prévoit aucun décret d’application, ce n’est sûrement pas le cas.
D’abord parce que son appropriation et l’évaluation de son impact au quotidien restent un sujet d’actualité pour les professionnels et les élus en charge de la culture. Ensuite, parce que la loi, volontairement incitative et non coercitive, laisse ouverts un certain nombre de sujets qui restent à traiter, sur la base des principes qu’elle énonce.
• Les missions des bibliothèques sanctuarisées par la loi
C’est ce qui ressort d’un débat organisé le 3 avril à Paris (à la bibliothèque Marguerite Yourcernar) par le Centre régional de formation aux carrières des bibliothèques de l’Université Paris Nanterre (Médiadix). A cette occasion, le représentant du ministère de la Culture, Jérôme Belmon, chef du département des bibliothèques, a listé les principaux sujets à l’agenda de la Rue de Valois pour les mois à venir.
Une campagne nationale en faveur des bibliothèques
En 2023, les bibliothécaires verront leurs équipements valorisés lors d’une campagne de communication dans les médias nationaux. Les messages sont en cours d’élaboration, dans la perspective d’un déploiement à la rentrée de l’automne prochain, période où beaucoup d’usagers viennent s’inscrire ou renouveler leur carte. Le chef du département des bibliothèques a évoqué la possibilité d’une déclinaison d’opérations locales, après la campagne nationale.
Toilettage des cadres d’emploi et des formations
Garantie par la loi sur les bibliothèques, la « qualification professionnelle » des agents devrait aussi faire partie des chantiers. « Sur la base de la loi, on pourrait avancer sur la qualification professionnelle. Le ministère souhaite balayer et toiletter les décrets statutaires sur les cadres d’emploi de la fonction publique territoriale touchant les bibliothécaires. Certains textes remontent à quinze ans et les diplômes ont évolué », a justifié Jérôme Belmon. En lien avec ce chantier, le ministère de l’Enseignement supérieur et de la recherche devrait produire prochainement un rapport sur la formation des bibliothécaires.
Autre ministère impliqué, celui de la Jeunesse et des sports, qui devrait s’engager dans une réflexion interministérielle sur la filière animation. Jérôme Belmon a évoqué à ce sujet « une alliance animation –lecture ». Autrement dit, « on souhaite que la lecture soit plus présente [dans les animations proposées aux jeunes] et renforcer en conséquence la formation des animateurs. »
• Bibliothèques : comment faciliter le recours à la formation?
Attention portée aux territoires ruraux et aux petites villes
Le développement des bibliothèques fait partie des cartes à jouer pour revitaliser les territoires ruraux. Pour le ministère de la Culture, la solution passe par un renforcement du rôle des bibliothèques départementales.
Pour ce faire, la Rue de Valois souhaite « que l’ensemble des conseils départementaux signent un contrat départemental territoire-lecture. Outil phare du ministère de la Culture pour sa politique incitative en faveur du développement des bibliothèques territoriales, ces contrats prévoient des aides financières. « Il faudrait donc augmenter les montants alloués par l’Etat à ces contrats », a observé Jérôme Belmon. L’Association des bibliothécaires départementaux et l’Assemblée des départements de France ont été mises dans la boucle pour contribuer à la réflexion en cours.
• Pourquoi l’Etat veut muscler les contrats territoire-lecture
De même, les bibliothèques départementales seront sollicitées sur un autre terrain, celui des petites villes et des villes moyennes. A ce stade, la réflexion sur cette problématique commence tout juste.
Trois autres chantiers en matière de lecture publiqueHandicap : le lancement du futur portail national du livre adapté est prévu pour 2025. Ce catalogue présentera l’ensemble des documents nativement accessibles et des documents adaptés et permettra de télécharger les fichiers afférents. Outre-mer : le ministère de la Culture réfléchit à un dispositif spécifique de l’Outre-mer. Avec cette question : faut –il prévoir une adaptation de la « DGD bibliothèques » (part de la dotation générale de décentralisation fléchée vers le développement des bibliothèques) aux collectivités ultra-marines ? Ce qui supposerait une modification du Code général des collectivités territoriales. Transition écologique : pour les collectivités, le chantier s’annonce immense, puisqu’il va « des textes réglementaires touchant les bâtiments jusqu’à la question de la seconde vie du livre, avec le recyclage et le réemploi », a souligné le chef du département des bibliothèques. |
Hélène Girard Publié le 04/04/2023 lagazettedescommunes.com |