LE SÉNAT AU SECOURS DES SECRÉTAIRES DE MAIRIE

Une table ronde dédiée aux problématiques de recrutement et aux spécificités du métier de secrétaires de mairie s’est tenue au Sénat le mercredi 3 mai. Une loi visant à revaloriser cette mission centrale du service public de proximité est en cours de construction.

Après le vote par le Sénat d’une proposition de loi visant à revaloriser le métier de secrétaires de mairie, c’est au tour des députés de se pencher sur ce texte porté par les sénateurs communistes et déposé à l’Assemblée nationale le 6 avril pour un prochain examen. Pour bien appréhender la problématique du recrutement de ces pierres angulaires du service public de proximité, une table ronde a été organisée au Sénat, mercredi 3 mai.

Recruter rapidement

En préambule, la présidente de la mission d’information, a rappelé les nombreuses remontées des maires concernant ce métier « indispensable au bon fonctionnement des petites municipalités ». Le but ? mesurer le rôle des secrétaires de mairie et identifier les problématiques quotidiennes de ce métier ainsi que les blocages quant à leur recrutement.

Un souci de recrutement plus qu’urgent, puisqu’un tiers des effectifs seront à la retraite d’ici à 2030. Rappelons que les femmes sont largement surreprésentées dans ce métier (94 %). Concernant leur catégorisation, 5 % relèvent de la catégorie A, 20,3 % de la catégorie B et 60,5 % de la catégorie C. À noter que 20 % sont contractuels).

Avec une moyenne d’âge plus élevée que la moyenne des autres catégories de métiers (50 ans contre 48 ans), le vieillissement de ces agentes associé aux grandes difficultés de recrutement de la nouvelle génération posera de plus en plus problème aux collectivités concernées.

« Dans une petite commune, on lance un appel d’offre une fois par mois seulement, le rôle de secrétaire de mairie est fondamental, c’est le bras droit du maire et quand il n’y en a pas, le maire est dépourvu de toute aide pour l’épauler
au quotidien », témoigne Michel Hiriart, qui a exercé un long mandat en tant que maire de Biriatou (Pyrénées-Atlantiques).

« Être secrétaire de mairie, cela passe par ouvrir la porte de la mairie le matin, s’occuper de l’État civil, de la comptabilité, des recrutements… » énumère le président de la FNCDG. Des profils ayant une palette très large de compétences qui est aujourd’hui difficile à attirer. Il manque 1 200 postes à pourvoir tandis que le « vivier » actuel tourne autour de 19 000 secrétaires alors que la fonction concerne 31 000 communes françaises de moins de 2 000 habitants.

« Beaucoup de mes collègues vont partir en retraite. Nous étions toutes passionnées par ce métier atypique de la territoriale. On entend parler depuis 40 ans de la simplification administrative et bien, c’est pire qu’avant. Autrefois, nous étions considérées comme le premier échelon auprès des usagers, aujourd’hui, on a le sentiment d’être le dernier », regrette Magali Moinard, présidente du syndicat national des secrétaires de mairie.

Formation et revalorisation

Magali Moinard préconise « de mettre sur pied des formations pour les secrétaires de mairie en binôme avec les élus qui souvent ne connaissent pas ce métier », elle qui raconte avoir entendu un maire lui dire que, ne trouvant personne pour le poste de secrétaires de mairie, il s’apprêtait à embaucher une hôtesse de caisse qui pourrait peut-être avoir les compétences pour boucler un budget municipal. « On constate de plus en plus de démissions et de collègues en souffrance, qui ne touchent le Smic que grâce à la Gipa« , il est nécessaire de parler aussi des salaires », rappelle la présidente du syndicat.

La formation, mais aussi la validation des acquis des secrétaires de mairie, c’est la voie plébiscitée également par Cindy Laborie, responsable des affaires juridiques de la fédération nationale des centres de gestion de la fonction publique territoriale (FNCDG). » Il faut simplifier les procédures de VAE, qui prennent entre 6 mois et 1 an. Si nous accélérons les choses, cela va pouvoir permettre aux secrétaires en catégorie C de passer en catégorie B ». Une option qui sera peut-être retenue par le gouvernement à la fin du parcours législatif du texte.

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Publié le 10/05/2023
• Par Emeline Le Naour
• dans : lagazettedescommunes.com