IL Y A DES DIFFICULTÉS À CE QUE DES POSTES QUALIFIÉS SOIENT PROPOSÉS AUX PERSONNES HANDICAPÉS

« La fonction publique territoriale atteint certes l’obligation légale de 6%, mais l’inclusion des personnes handicapées n’est pas pour autant totale »/ explique Alexis Deprau, juriste et auteur d’un ouvrage sur la question.

La fonction publique territoriale est le seul versant de la fonction publique qui dépasse le taux de 6% d’agents handicapés dans ses effectifs.

Est-ce une bonne chose ou y a-t-il un risque que les collectivités se reposent sur leurs lauriers ?

C’est une bonne nouvelle, cela montre que toutes les collectivités et leurs structures font des efforts de recrutement et de maintien dans l’emploi.

Le côté négatif reste la visibilité des postes disponibles pour les personnes en situation de handicap. Il y a peu d’offres ouvertes sur le portail de la fonction publique, aussi bien pour la voie directe que le détachement.

Les personnes aussi doivent oser se faire connaître. Il y a toujours une peur prégnante de se faire reconnaître comme personne handicapée. Je l’ai fait pendant le Covid, car, immunodéprimé, je devais me protéger ; mais il y a toujours une peur de la perception du handicap par les collègues ou supérieurs.

Est-ce à dire que le Fonds pour l’insertion des personnes handicapées dans la fonction publique ne joue pas son rôle dans la communication autour du handicap ?

Non, le FIPHFP joue bien son rôle, mais il y a la question de la peur du sujet du handicap. Il y a une appréhension sur le recrutement d’une personne handicapée. Mon impression est qu’il y a un lien fait entre le handicap invisible – qui concerne 80 % des handicaps – et le handicap intellectuel : le préjugé est que la personne ne sera pas compétente car pas intelligente, ce qui n’est pas le cas. Une personne avec la maladie de crohn, vous ne le verrez jamais, et elle peut être apte à beaucoup de postes.

Dans le secteur privé, notamment dans les grandes entreprises, des politiques d’inclusion existent pour une meilleure prise en compte du handicap. Dans la fonction publique, il y a un barrage au niveau du recrutement, avec peu d’offres pour les catégories A et je n’ai pas vu de propositions pour les A+. Les aménagements pour les concours existent, mais il y a des difficultés à ce que des postes qualifiés soient proposés aux personnes handicapées.

Vous notez dans votre ouvrage que le CNFPT a été le premier organisme, dès 2007, à signer une convention avec le FIPHFP. Est-ce que cela a aidé au bon taux de PSH dans la FPT ?

Cela a pu aider : cette démarche volontariste du CNFPT a permis de faire avancer les choses. Mais le CNFPT pourrait faire plus !

De même, les centres de gestion doivent être là pour répondre à toutes les questions. Or il y a un manque aujourd’hui sur les retours aux candidats en situation de handicap.

Quelles mesures devraient être prises selon vous pour que l’inclusion des personnes handicapées soit meilleure dans la fonction publique ?

Il y a un gros manque de publicité des offres d’emploi handicap, aussi bien sur les sites des collectivités que sur le site emploi territorial (remarque d’ailleurs valable pour le site de l’emploi public de la FPE). Il y a bien sûr une politique d’inclusion, mais il manque surtout la publicité des offres CDD handicap en vue d’une titularisation, du détachement handicap, ou encore de l’apprentissage handicap.

Cette campagne de communication pourrait être faite par les référents handicap. La loi de transformation de la vie publique a été un tremplin, il faut maintenant continuer de lutter contre la méconnaissance des handicaps.

14/12/2023
Source La Gazette des Communes